Marqueurs indirects
Transaminases, volume globulaire moyen, gamma-glutamyl-transferase, transferrine carboxy déficiente (CDT), liés à des modifications métaboliques induites par l’alcool ; tous ces marqueurs d’utilisation courante manquent de spécificité car un résultat anormal peut résulter de bien d’autres causes. La CDT était jusqu’à présent retenue comme le marqueur le plus spécifique, mais son inconvénient majeur est le manque de sensibilité ; en effet plus de la moitié des consommateurs excessifs ne présentent pas d’augmentation de la CDT !
Marqueurs directs
L’alcool lui-même, objective la situation présente. Son métabolisme oxydatif produit principalement de l’acétaldéhyde, toxique, et une voie non oxydative divers métabolites mineurs, dont le phosphatidyléthanol (PEth) ; cette molécule s’impose actuellement comme le marqueur idéal de la consommation d’alcool ; contrairement aux autres cellules, les globules rouges ne possèdent pas la phosphatidylcholine phospholipase C qui catalyse la dégradation du PEth ; le sang total est donc la matrice indiquée pour ce dosage.
PEth, le marqueur de choix de la consommation d’alcool
Sensibilité de 86 % et spécificité de 100 % ; demi-vie d’élimination longue (3 à 7 jours) ;
le dosage sanguin permet donc sa détection pendant les 21 à 28 jours qui suivent la consommation d’éthanol ; la concentration mesurée est corrélée à la quantité d’alcool consommée le mois précédent.
A ce jour, aucune mention n’est faite dans la littérature de résultats faux positifs ou de faux négatifs.
Il n’est donc pas étonnant de voir le PEth s’imposer au niveau international dans tous les cas où une consommation d’alcool doit être strictement contrôlée.
Tels sont les contextes d’hépatopathie alcoolique et de transplantation hépatique.
Les obstétriciens sont également intéressés étant donné l’incidence des troubles causés par l’alcoolisation foetale.
Dans un cadre médico-légal de nombreux pays utilisent le dosage du PEth dans le cadre de la sécurité routière, ainsi que par rapport à son implication dans des faits délictueux ou criminels. L’applicabilité de ce dosage en toxico médico-légale post-mortem semble prometteuse.
Interprétation
On se souviendra qu’il n’existe pas de définition précise et consensuelle d’une consommation excessive d’alcool. Il n’y a donc pas de valeur seuil pour le dosage du PEth qui fasse consensus.
Une méta-analyse propose ces valeurs d’interprétation :
<20 mcg/l : faible, ou pas de consommation (<2 doses/j plusieurs jours par semaine)
entre 20 et 200 : consommation modérée (2 à 4 doses/j)
>200 mcg/l : consommation excessive (>4 doses/j plusieurs jours par semaine)
En pratique
Le dosage nécessite un prélèvement sur EDTA (bouchon mauve)
Sans surprise, l’INAMI n’intervient pas ; il en coûte au patient 60 euros ; le laboratoire où nous envoyons pour le moment l’échantillon réalise l’analyse une fois par semaine.