Lors de la dernière canicule, les unités de soins intensifs ont rapporté une vague d’admissions en hyponatrémie ; la cause étant vraisemblablement la conjonction de deux facteurs : une potomanie déclenchée par battage médiatique et une augmentation des pertes sodées par transpiration. Il s’agissait le plus souvent de personnes âgées ; ces dernières sont de loin les plus exposées car elles cumulent souvent de nombreux facteurs de risque tels que : prise de psychotropes, diurétiques, insuffisance rénale, cardiaque, cirrhose … C’est aussi chez elles que les manifestations telles que les troubles neurologiques, posturaux … ont les suites les plus lourdes (fractures …)
Le laboratoire a un rôle essentiel pour objectiver le diagnostic et aussi, à côté de l’examen clinique, pour orienter sur l’étiologie.
Diagnostic
<130 mmol/l hyponatrémie, éventuellement asymptomatique, parfois chronique, méritant
suivi et mise au point étiologique
<124 mmol/l peut être défini comme hyponatrémie sévère, généralement avec troubles
neurologiques, risque de coma, nécessitant un traitement urgent en soins intensifs
Causes d’hyponatrémie
1. avec osmolalité normale voire augmentée
situation fréquente : dans les hyperglycémies, et éthanolémies, deux causes à éliminer en premier lieu ; aussi en cas d’hyperprotéinémie ou d’importante lipémie ; sinon, en particulier si l’osmolalité est augmentée, rechercher une (rare) intoxication au méthanol, glycols …
2, avec osmolalité basse
augmentation du volume hydrique, ou déplétion sodique
2a/ déplétion par apport alimentaire insuffisant, pertes digestives (diarrhée, vomissement), ou
cutanées (transpiration excessive) : on attend une natriurèse basse, voire effondrée
2b/ déplétion par perte rénale (thiazides, acétazolamide, tubulopathies, diurèse osmotique),
insuffisance surrénalienne, hypo-aldostéronisme (plus rare) :
on attend une natriurèse augmentée
2c/ expansion volémique des états oedémateux :
insuffisance cardiaque, cirrhose, sepsis, dénutrition, insuffisance rénale aiguë :
avec généralement natriurèse basse, sauf nécrose tubulaire aiguë (natriurèse augmentée)
2d/ sécrétion inappropriée d’ADH (souvent diagnostic d’exclusion)
certains cancers, pneumopathies, troubles du SNC, médicaments (voir 2f)
avec diurèse réduite, urines concentrées
2e/ potomanie (intoxication à l’eau!)
avec diurèse augmentée, natriurèse basse
2f/ médicaments divers :
desmopressine, carbamazépine, inhibiteurs capture sérotonine, antidépresseurs, anti-
épileptiques, anti-cancéreux, AINS …