Medias et réseaux sociaux véhiculent une certaine confusion sur les dangers supposés des céréales : base de l’alimentation humaine depuis quelques millénaires, elles sont aujourd’hui promues au rang de problème alimentaire.
Il existe deux entités physiopathologiques bien reconnues et objectivables par des tests,
et une 3ème plus hypothétique à l’origine du florissant marché du sans gluten.
1. La maladie coeliaque (prévalence : de l’ordre de 1%)
Pathologie auto-immune induite par les gliadines, peptides composants du gluten (fraction protéique insoluble du blé permettant la panification).
Maladie typiquement chronique, de symptomatologie parfois évidente dès l’enfance, mais évoluant aussi souvent à bas bruit avant un dépistage chez un sexagénaire ; les caractéristiques cliniques peu spécifiques relèvent de problèmes de malabsorption ; à terme l’évolution peut être mortelle.
Au labo, on dispose depuis plusieurs années de tests sensibles et spécifiques :
ac. IgA anti-transglutaminase tissulaire (antigène de l’endomysium, ancien test par IF sur lame),
IgA anti- gliadine déaminée, les plus utiles en suivi de traitement d’éviction,
IgG anti-gliadine déaminée, chez l’enfant et dans les déficiences en IgA (association fréquente)
En cas de test douteux, rechercher le phénotype HLA DQ2/DQ8. Confirmer par une biopsie.
Les tests peuvent manquer les stades précoces (Marsh I et II)
2. L’allergie au blé (prévalence <1%)
Hypersensibilité allergique de type I (médiée par IgE), immédiate (1 ou 2h. au plus) ;
manifestations très diverses : troubles digestifs, respiratoires, de urticaire à l’anaphylaxie .
Tests de laboratoire : recherche d’IgE spécifiques
Extrait total de blé (F4)
En raison du nombre de protéines allergéniques potentielles, et de la réactivité croisée avec des allergènes d’autres graminées, les tests basés sur cet extrait total (de composition non standardisée) donnent des résultats aléatoires et de faible spécificité diagnostique.
Des tests positifs sans pertinence clinique sont à craindre avec régime d’exclusion inutile du blé, en raison de réactivité croisée fréquente (>65%) avec les profilines des graminées ainsi que les positivités sans signification clinique dues aux CCD (Cross-reactive Carbohydrate Determinant)
On gagne toujours en information en utilisant des tests basés sur des allergènes moléculaires :
Omega-5-gliadine (Tri a 19 – f416)
à tester en particuler en cas d’anaphylaxie intervenant à la suite d’un effort ; mais aussi chez
l’enfant avec eczéma ; aussi dans l’asthme du boulanger
Alpha-amylase inhibiteur (k87)
peut être impliqué aussi bien dans la maladie du boulanger que dans l’allergie alimentaire
LTP -lipid transfer protein (tester par ex. Pru p3)
asthme du boulanger et problèmes alimentaires , associé à des formes sévères
Gliadine (f98)
teste les gliadines alpha, bèta, gamma et omega
marqueur de risque de réactions systémiques, et de persistance de l’allergie au blé
3. Intolérance au gluten
Syndrome hypothétique (pas de tests pour l’objectiver) actuellement fréquemment rapporté.
Hypothèses : les nouvelles variétés de blé produisent moins de gluten, mais celui-ci serait moins digeste ; préférer le pain au levain (la fermentation plus longue donne un gluten plus digeste).
Soit encore : altération du microbiote intestinal par l’exposition aux herbicides (à suivre …)